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Méthodologie

De substitution des solvants

Étape 1 : Identification du problème

L’objectif de cette étape est de cir­con­scrire le prob­lème à résoudre. 

Cette étape com­prend essen­tielle­ment l’identification et la dis­cus­sion du prob­lème à l’origine de l’idée de sub­sti­tu­tion d’un solvant.

On explicit­era les raisons moti­vant le désir d’éliminer le solvant incrim­iné : san­té, sécu­rité, envi­ron­nement, régle­men­ta­tion, coûts, etc.

Une vis­ite de recon­nais­sance des lieux de tra­vail est effec­tuée afin de ren­con­tr­er les per­son­nes intéressées comme les ingénieurs, les con­tremaîtres et les tra­vailleurs qui effectuent le tra­vail impli­quant le(s) solvant(s) visé(s).

Exem­ple :

Telle entre­prise décide de tra­vailler au rem­place­ment du trichloréthylène (TCE), util­isé comme détachant à tis­sus dans une fab­rique d’étoffes laineuses. Le poten­tiel can­cérigène de ce solvant et des plaintes d’irritation ocu­laire et d’assèchement cutané chez cer­tains employés ont motivé l’entreprise à tra­vailler à son rem­place­ment.

Étape 2 : Formation d’un comité de substitution

L’objectif de cette étape est d’assurer une assise admin­is­tra­tive solide au pro­jet de sub­sti­tu­tion. 

Il s’agit de con­stituer un comité de sub­sti­tu­tion et de sign­er un accord entre l’entreprise et le ou les éventuels organ­ismes externes.

Le comité de sub­sti­tu­tion est com­posé au min­i­mum d’un respon­s­able, idéale­ment tech­nique, de l’entreprise et d’un hygiéniste ou tech­ni­cien en hygiène indus­trielle. De plus, l’équipe com­prend divers­es per­son­nes appelées à s’impliquer de façon ponctuelle comme un con­tremaître, un délégué des employés, un représen­tant du ser­vice de l’assurance-qualité,

une per­son­ne du ser­vice des achats ou un spé­cial­iste du ser­vice des finances de l’entreprise.

Les objec­tifs et la démarche du pro­jet de sub­sti­tu­tion sont claire­ment présen­tés dans une courte let­tre d’entente à laque­lle est annexée la liste des mem­bres du comité de sub­sti­tu­tion. L’obtention de l’appui ferme de la haute direc­tion de l’entreprise pour la réal­i­sa­tion du pro­jet est essen­tielle.

Étape 3 : Etude du problème et définition des critères de sélection

Cette étape com­prend l’étude détail­lée du procédé et des tâch­es où l’on retrou­ve le solvant à rem­plac­er.  

La lit­téra­ture tech­nique apporte un com­plé­ment d’information pour assur­er une com­préhen­sion opti­male dans le cas des procédés com­plex­es.

Le comité de sub­sti­tu­tion effectue une analyse fonc­tion­nelle du solvant à rem­plac­er, c’est-à-dire se penche notam­ment sur les raisons de l’utilisation du solvant et sur les procé­dures de tra­vail. Plusieurs vis­ites sont néces­saires afin d’observer le procédé et les employés à dif­férents moments. Des inter­views d’employés peu­vent s’avérer néces­saires afin d’obtenir des ren­seigne­ments non doc­u­men­tés.

Les rap­ports d’hygiène indus­trielle per­ti­nents sont étudiés et des mesurages sont effec­tués au besoin pour doc­u­menter les niveaux d’exposition des tra­vailleurs au solvant à rem­plac­er. 

Les don­nées quan­ti­ta­tives sur l’utilisation des solvants sont obtenues des ser­vices con­cernés. Cette étape se pour­suit par la rédac­tion d’un texte décrivant le procédé et les méth­odes de tra­vail, l’utilisation du solvant et l’exposition des tra­vailleurs.

Les critères de sélec­tion d’un nou­veau solvant ou d’un change­ment de procédé sont égale­ment défi­nis par le comité de sub­sti­tu­tion à la lumière des aspects tech­niques du procédé, des coûts, du cahi­er des charges des pro­duits finis, mais égale­ment des fac­teurs san­i­taires, sécu­ri­taires et envi­ron­nemen­taux.

Étape 4 : Proposition d’options de rechange

L’objectif de cette étape est de faire un inven­taire aus­si large que pos­si­ble des solu­tions envis­age­ables.

C’est la phase des idées faisant appel à un remue-méninges et à une remise en ques­tion appro­fondie. La série d’options, que ce soit des pro­duits de rem­place­ment ou des procédés de sub­sti­tu­tion, doit être la plus large pos­si­ble.

Cette étape fait appel à une panoplie de sources d’information et d’outils inclu­ant les nom­breuses études de cas. 

Plusieurs per­son­nes-ressources sont con­tac­tées, notam­ment le per­son­nel tech­nique de l’entreprise en ques­tion et des autres usines affil­iées, les tra­vailleurs util­isant les solvants à rem­plac­er, les com­péti­teurs, les mem­bres d’associations indus­trielles et les spé­cial­istes chez les four­nisseurs de solvants.

Des recherch­es doc­u­men­taires sont effec­tuées dans des bases de don­nées bib­li­ographiques et les ban­ques de don­nées factuelles. Des recherch­es sur des sites web en san­té et en sécu­rité du tra­vail, mais égale­ment en préven­tion de la pol­lu­tion sont aus­si effec­tuées. Des groupes de dis­cus­sion par Inter­net dans les mêmes domaines sont mis à con­tri­bu­tion.

Les options sont ensuite sélec­tion­nées sur la base de critères sécu­ri­taires, san­i­taires, envi­ron­nemen­taux ou tech­niques évi­dents.

Étape 5 : Essais à petite échelle

Lorsqu’une mul­ti­plic­ité d’options a été retenue à l’étape précé­dente, il peut être néces­saire de procéder à la réduc­tion de leur nom­bre en procé­dant à des essais en lab­o­ra­toire. 

Dans cer­tains cas ces derniers peu­vent être effec­tués directe­ment au poste de tra­vail, mais tou­jours à petite échelle.

Un pro­to­cole est élaboré par le comité de sub­sti­tu­tion en col­lab­o­ra­tion avec le lab­o­ra­toire de recherche et développe­ment ou celui du con­trôle de la qual­ité de l’entreprise.

Les essais sont effec­tués en prenant toutes les pré­cau­tions néces­saires pour éviter une expo­si­tion indue des tra­vailleurs par toutes les voies d’absorption.

Les options sont alors sélec­tion­nées sur la base de leur apti­tude à sat­is­faire les exi­gences tech­niques de l’entreprise. En out­re, cer­tains paramètres sub­jec­tifs comme l’odeur peu­vent par­fois être jugés pri­mor­diaux au moment des essais.

Étape 6 : Évaluation des conséquences des options retenues

L’objectif de cette étape est de doc­u­menter les impacts poten­tiels des options retenues. 

Ces dernières sont éval­uées en fonc­tion de leurs con­séquences sur les fac­teurs suiv­ants : san­té et sécu­rité du tra­vail, ergonomie, envi­ron­nement, qual­ité tech­nique, coûts, méth­ode de tra­vail, organ­i­sa­tion du tra­vail, for­ma­tion des employés.

Une recherche dans les  bases de don­nées bib­li­ographiques et les ban­ques de don­nées factuelles  est effec­tuée pour cha­cune des solu­tions envis­agées. Par ailleurs, les fich­es de don­nées de sécu­ritéles fich­es tech­niques et autres doc­u­ments sont obtenus des four­nisseurs de solvants et autres pro­duits de rem­place­ment.

Le cas échéant, l’expérience col­lec­tive d’hygiénistes indus­triels, d’ingénieurs et de chimistes étrangers est mise à con­tri­bu­tion par l’intermédiaire des groupes de dis­cus­sion dans Inter­net, spé­cial­isés en san­té et sécu­rité du tra­vail, préven­tion de la pol­lu­tion et tech­nolo­gie, pour s’enquérir des prob­lèmes poten­tiels avec les « nou­veaux » solvants ou procédés.

Des vis­ites peu­vent être organ­isées dans des entre­pris­es où le procédé a déjà été mis en œuvre avec suc­cès. Les four­nisseurs de solvants peu­vent servir d’intermédiaires pour établir ces con­tacts. Il peut aus­si être néces­saire de con­tac­ter les clients de l’entreprise afin de dis­cuter de leurs exi­gences quant au pro­duit fini.

Étape 7 : Comparaison des options et choix

L’objectif de cette étape est de com­par­er les divers­es solu­tions entre elles et avec la sit­u­a­tion orig­i­nale afin de procéder au choix final.

L’information est syn­thétisée de façon à faire ressor­tir les prin­ci­paux avan­tages et incon­vénients, par exem­ple sous la forme de tableaux.

La meilleure option est sélec­tion­née en fonc­tion des critères défi­nis à l’étape no 3 : Étude du prob­lème et déf­i­ni­tion des critères de sélec­tion.

Étape 8 : Implantation

L’objectif de cette étape est de met­tre en œuvre la solu­tion retenue. 

L’entreprise sol­licite l’appui du four­nisseur pour la for­ma­tion des util­isa­teurs. 

L’implantation est faite de façon gradu­elle sur un poste de tra­vail puis sur l’ensemble. L’exposition des tra­vailleurs au nou­veau pro­duit est mesurée afin de s’assurer de la salubrité du milieu de tra­vail.

La col­lecte des com­men­taires tech­niques sur l’utilisation d’un nou­veau pro­duit ou procédé est effec­tuée sys­té­ma­tique­ment par les con­tremaîtres.

Lors de l’implantation, étape essen­tielle­ment tech­nique, il faut néan­moins s’assurer de respecter l’ensemble des règles de l’art de l’hygiène et de la sécu­rité du tra­vail applic­a­bles à la nou­velle sit­u­a­tion : ven­ti­la­tion, manip­u­la­tion et stock­age, pro­tec­tions res­pi­ra­toire et cutanée.

Étape 9 : Évaluation

Cette dernière étape doit per­me­t­tre de mesur­er l’atteinte des objec­tifs de départ et d’apporter des cor­rec­tions éventuelles.

Un bilan des divers aspects reliés à la nou­velle procé­dure est rassem­blé et com­prend notam­ment la qual­ité tech­nique, les résul­tats de mesurage de con­t­a­m­i­nants nou­veaux et le bilan mas­sique des solvants, en com­para­i­son avec la sit­u­a­tion antérieure.

La sur­v­enue éventuelle de nou­veaux prob­lèmes de san­té ou de sécu­rité du tra­vail doit être doc­u­men­tée notam­ment par une sur­veil­lance san­i­taire, par­ti­c­ulière­ment impor­tante en cas d’introduction de nou­veaux pro­duits. 

Les respon­s­ables de l’entreprise doivent être à l’affût de tout nou­veau prob­lème envi­ron­nemen­tal généré par l’utilisation d’un nou­veau solvant ou procédé.