a group of people working in a factory

Historique

Un directeur général de laminoir s’est réveil­lé un matin avec la triste et choquante nou­velle qu’un de ses ouvri­er était finale­ment décédé après une mal­adie dont l’origine offi­cielle­ment recon­nue était l’exposition récur­rente à un solvant halogéné.

Cet ouvri­er tra­vail­lait dans l’équipe de main­te­nance des out­ils qui se trou­vaient à la fin de la coulée con­tin­ue et qui don­nait forme à la pro­duc­tion de ce laminoir.

Une par­tie de cet out­il­lage était fixe devait être net­toyé sur place rapi­de­ment, parce qu’il n’y avait que vingt min­utes d’arrêt entre deux coulées. L’autre par­tie était mobile et était net­toyée en ate­lier dans des bacs-éviers. Les ouvri­ers de main­te­nance net­toy­ait les par­ties mobiles, les avant-bras plongés jusqu’au coude dans le solvant en ques­tion et décras­saient avec des tam­pons fer­reux les pièces qui avaient pris l’huile à quelques cen­taines de degrés, les résidus de coupe, la calamine, etc.

Dés leur deux­ième année d’activité, tous les ouvri­ers de cette équipe voy­aient appa­raître dif­férentes mal­adies dont per­son­nes ne sem­blaient com­pren­dre l’origine, ou dont per­son­ne n’osait expli­quer l’origine.

Tant et si bien qu’un jour, « le vieux » comme ses col­lègues l’appelaient, cet ancien de l’équipe, celui qui plongeait joyeuse­ment les deux mains dans le fût de solvant pour se les net­toy­er en fin de journée, man­qua défini­tive­ment à l’appel.

A cette époque, je m’interrogeais quant à mon avenir pro­fes­sion­nel. Et je m’intéressais à ces solvants que la lit­téra­ture pro­fes­sion­nelle met­tait au pilori, mais qu’on trou­vait tou­jours dans tous les ate­liers de main­te­nance mécanique. D’une part, ils étaient inter­dits sauf à pro­téger effi­cace­ment les util­isa­teurs, et, d’autre part, la réal­ité du ter­rain sem­blait ignor­er com­plète­ment ces mes­sages alar­mant.

Par un con­cours de cir­con­stances dont seul le Des­tin a le secret, c’est à cette époque que je ren­con­trais le directeur de pro­duc­tion de ce laminoir. Il me don­na en quelque sorte l’ordre de trou­ver un sub­sti­tut à ce solvant halogéné apte à sat­is­faire les exi­gences opéra­tionnelles d’un laminoir.

Remplacer un solvant dangereux

Pour rem­plac­er un pro­duit dan­gereux, il faut que :

  1. Le sub­sti­tut sat­is­fasse aux exi­gences de l’opérationnel. 
  2. Le sub­sti­tut ne coûte pas plus cher que le pro­duit à rem­plac­er. Si pos­si­ble, il coûtera moins cher. Même la san­té des ouvri­ers a un prix.
  3. Le sub­sti­tut sera con­forme aux règle­ments. Euh! Y aurait-il des pro­duits chim­iques dans nos entre­pris­es qui ne le seraient pas ?? Fer­mons la par­en­thèse avant qu’il ne fasse trop frais 😉
  4. Et surtout, il faut que les util­isa­teurs acceptent de chang­er quelque chose dans leur habi­tudes et, en par­ti­c­uli­er, acceptent de tra­vailler avec un autre pro­duit, et peut-être d’une autre manière. Et c’est là que la vraie dif­fi­culté sur­git. Chang­er de pro­duit, même s’il s’agit d’un poi­son implaca­ble, c’est le plus dif­fi­cile !
birds eye photography of concrete structure

Où trouver la solution ?

Les solvants arrivent après la deux­ième guerre mon­di­ale, avec le coca-cola et le chew­ing-gum. Ils sont effi­caces. Ils sont bon marché. Ils représen­tent la moder­nité ! Et c’est un suc­cès qui ne se démen­ti­ra pas, et jusqu’à aujourd’hui.

L’idée fut de regarder dans le passé. La métal­lurgie indus­trielle telle que nous la con­nais­sons naît autour du début du dix-neu­vième siè­cle. On a donc dégrais­sé sans solvant pen­dant un siè­cle et demi.

Si on con­sulte les mémoires des ingénieurs métal­lur­gistes de cette époque on retrou­vera les principes chim­iques util­isés. Même si on les a oubliés. 

Evidem­ment 80 ans de tra­vail au solvant a aus­si dis­sous la mémoire de nos con­tem­po­rains.

Et si beau­coup de cir­con­stances ont changé depuis cette époque anci­enne, en par­ti­c­uli­er sur la struc­ture de coûts, sur la con­cur­rence, sur l’évolution de nos machines, les principes  chim­iques restent tou­jours val­ables aujourd’hui.

Retour à la base

Un dégrais­sant est un pro­duit per­me­t­tant d’en­lever toutes traces de graiss­es et d’huiles d’une pièce.
Les graiss­es sont insol­ubles dans l’eau. 

Pour les élim­in­er, on peut :

  • les dis­soudre (opéra­tion de dis­so­lu­tion), en util­isant un solvant ;
  • les trans­former en savons sol­ubles dans l’eau, en util­isant des pro­duits forte­ment basiques comme la soude, la potasse ou les sil­i­cates de sodi­um. Les graiss­es ont été saponifiées ;
  • les décoller et les empêch­er de se redé­pos­er, en util­isant des ten­sioac­t­ifs, pour for­mer une émul­sion.

La solution

On com­prend donc qu’on peut se pass­er de solvant et utilis­er deux autres grandes méth­odes : saponi­fi­er et émul­si­fi­er.

Il ne restait plus qu’à trou­ver la for­mule qui per­me­t­tait, sans solvant, de créer un con­cept assez puis­sant pour sat­is­faire au sévère cahi­er des charges des indus­tries métal­lurgiques, mais égale­ment le plus inof­fen­sif pos­si­ble pour les ouvri­ers, et pour l’environnement qui est devenu aujourd’hui un enjeu majeur.

C’est ain­si qu’est né
le con­cept Safe-T-Clean