La substitution d’un produit dangereux en industrie passe par l’efficacité, le coût, le respect des règlementations et surtout l’acceptation du substitut par les ouvriers qui l’utilisent.
Remplacer un solvant dangereux
Pour remplacer un produit dangereux, il faut que :
- Le substitut satisfasse aux exigences de l’opérationnel.
- Le substitut ne coûte pas plus cher que le produit à remplacer. Si possible, il coûtera moins cher. Même la santé des ouvriers a un prix.
- Le substitut sera conforme aux règlements. Y aurait-il des produits chimiques dans nos entreprises qui ne le seraient pas ?…
- Et surtout, il faut que les utilisateurs acceptent de changer quelque chose dans leurs habitudes et, en particulier, acceptent de travailler avec un autre produit, et peut-être d’une autre manière. Et c’est là que la vraie difficulté surgit. Changer de produit, même s’il s’agit d’un poison implacable, c’est le plus difficile !
D’où et comment apparaissent les solvants ?
Les solvants arrivent après la deuxième guerre mondiale, avec le coca-cola et le chewing-gum. Ils sont efficaces. Ils sont bon marché. Ils représentent la modernité ! Et c’est un succès qui ne se démentira pas, et jusqu’à aujourd’hui.
Mais rapidement les maladies professionnelles nouvelles liées à l’utilisation de ces solvants apparaissent. Le prix des produits pétrochimiques a évolué considérablement. La conscience collective de protéger notre environnement a rajouté une raison de mettre les solvants sur la sellette.
Où trouver la solution ?
L’idée fut de regarder dans le passé. La métallurgie industrielle telle que nous la connaissons naît autour du début du dix-neuvième siècle. On a donc dégraissé sans solvant pendant un siècle et demi.
Si on consulte les mémoires des ingénieurs métallurgistes de cette époque, on retrouvera les principes chimiques utilisés. Même si on les a oubliés aujourd’hui.
Evidemment 80 ans de travail au solvant ont aussi « dissous » la mémoire de nos contemporains.
Et si beaucoup de circonstances ont changé depuis cette époque ancienne, en particulier sur la structure de coûts, sur la concurrence, sur l’évolution de nos machines, les principes chimiques, quant à eux, restent toujours valables aujourd’hui.
Retour à la base
Un dégraissant est un produit permettant d’enlever toutes traces de graisses et d’huiles d’une pièce.
Les graisses sont insolubles dans l’eau.
Pour les éliminer, on peut :
- les dissoudre (opération de dissolution), en utilisant un solvant ;
- les transformer en savons solubles dans l’eau, en utilisant des produits fortement basiques comme la soude, la potasse ou les silicates de sodium. Les graisses ont été saponifiées ;
- les décoller et les empêcher de se re-déposer, en utilisant des tensioactifs, pour former une émulsion.
La solution
On comprend donc qu’on peut se passer de solvant et utiliser deux autres grandes méthodes : saponifier et émulsifier.
Il ne restait plus qu’à trouver la formule qui permettait, sans solvant, de créer un concept assez puissant pour satisfaire au sévère cahier des charges des industries métallurgiques, mais également le plus inoffensif possible pour les ouvriers, et pour l’environnement, qui est devenu aujourd’hui un enjeu majeur.